Julien Puy, passion garantie

La visite de Julien Puy en Terre Sainte, racontée en duo.

Au mois de Janvier, en passant faire coucou à la forge d’Ein Shemer, Hofi m’a annoncé : « le français arrive ! ». Le français ? Mais quel français sain d’esprit osera venir un Israël en cet hiver 2016, au moment où la violence dans les rues bat des records et lorsque nous-mêmes, nous avons du mal à supporter l’ambiance ?
Mais voila qu’un forgeron français a eu le courage de prendre l’avion et franchir l’inspection de la police des frontière bien « consciente de sa responsabilité » à l’aéroport, pour suivre sa passion et rendre hommage à l’un des maîtres qui a fait avancer et progresser la forge mondiale, et ce forgeron s’appelle Julien Puy.

"J'ai donc commencé à forger en 1999, à l'age de 16 ans, grâce à mon père
ex-mécano qui ma aussi appris à souder à l'arc. Il avait reconnu mes affinités
avec le métal et m'avait fait une petite forge en cadeau de noël, donc pour moi,
ça a commencé en Haute Savoie, dans le jardin familial, les pieds dans la neige !!!

Je me suis donc orienté vers un CAP/BEP structures métallique (métallier) sur Annecy et par la suite j’ai travaillé dans différentes entreprises en France, en validant des diplômes dans différents secteurs d’activités : soudure, tuyauterie, chaudronnerie, tôlerie, fonderie et polissage, tout en continuant à forger chez des copains ou chez mes parents le week-end et les vacances.
Au bout d'un moment, je me suis rendu compte que ce qui me plaisait toujours autant et qui revenait en "résonance" dans ma vie c’était la forge. Je me suis dit que ce serait pas mal de valider mon savoir faire plus spécifiquement dans ce domaine, j'ai donc fait ma formation et obtenu mon brevet de maîtrise de ferronnerie à l’EIFF de Muizon, près de Reims, en 2006

Par la suite, passionné, séduit, j'ai cherché une "autre" forge, surtout après
avoir vu les travaux de français ayant appris a forger à l’étranger et des travaux de forgerons d’autres pays, notamment les tchèques.
J'ai donc fait la démarche d’aller au delà, au fil des années et suivant mes possibilités de "vie", de partir rencontrer, apprendre avec d'autre forgerons: Bernard Solon (Orléans, France), Brian Brazeal (usa), Karel Bures (Rep.Tchèque),
Claudio Bottero (Italie), Roberto Giordani (Italie). Et donc pour finir en beauté ……..
Uri Hofi en Israël ! "

En 2015 Julien a été invité par les organisateurs de la Biennale d’Arte Fabrille à Stia, Italie, pour faire une démonstration de plusieurs jours devant un public de milliers de personnes. Pour réaliser sa sculpture intitulé « hommage » il s’est fait aidé par trois collègues Français, encore merci a eux, l’équipe a travaillé cote à cote avec l’équipe Écossaise de Shona Johnson qui réalisait elle aussi une sculpture.

Lors de la réalisation de la sculpture, parmi les gouttes de sueur et les coups de masse Julien a lié de l’amitié avec Zeevik Gottlieb, champion du monde Stia 2009. Zeevik collabore avec Hofi pour les démonstrations par tout dans le monde et depuis quelques mois travaille avec lui à L’atelier. Il a appris les bases du métier avec Hofi il y a plus de 20 ans et après maintes années et un périple professionnel très varié a retrouvé le berceau.
"Durant la biennale de Stia, ma rencontre avec Zeevik a été décisive, grâce à lui j'ai pu passer deux très bonnes semaines dans l'atelier de Hofi. "

" Sans prétention, j'avais donc déjà un "certain " niveau en forge quand je suis arrivé à Ein Shemer. Mais je suis tout de même parti en Israël en restant "enseignable", c'est très important, il faut savoir ce que l'on sait, et aussi ce que l'on ne sait pas !!!!!

Tout ceci m'a permis d’apprécier encore plus ma rencontre avec Hofi et ses élèves, de voir et pratiquer énormément de techniques et d'idées en peu de temps.

Que dire des ces deux semaines ? Et bien ce fut "intense". Le programme était "overfull", pas une journée sans forger, même en weekend, qui ne dure d’ailleurs qu’un jour dans ce pays !!! En même temps je ne me plains pas, vu que c'est moi qui avais fait le programme technique ……

Hofi a voulu m'en montrer toujours plus, et j'ai beaucoup aimé cette attitude. Il a même eu un peu du mal a me "lâcher" lors de la 2eme semaine lorsque Zeevik a pris le relais pour me montrer un peu de sculpture, trous renflés etc …

La méthode de travail de Hofi m'attire et retient mon attention depuis un moment. Je l'avais déjà pas mal pratiqué en copiant certaines choses qui venaient de chez lui que j’ai pu glaner par-ci par-la, mais ce qui m’intéressait vraiment c’était de le voir avec le maître en personne, d'aller chercher l'essence même de la chose, de pouvoir m’imprégner des fondamentaux façon Hofi, dans sa forge, son atelier qu'il a créé.

Tout s'est enchaîné avec une fluidité impressionnante, de grosses journées, à un rythme cool et efficace. Peu être que j'ai trouvé le rythme "cool" suite à mon passé dans des ateliers plus industriels.

J'ai aussi beaucoup apprécie qu’autant d’anciens élèves de Hofi passent lui rendre visite régulièrement et n’hésitaient  pas à prendre le marteau pour me montrer plein de choses, chacun avec spécialité !!!

Donc merci à Shlomo, Jonatan et bien sur Zeevik, c’était vraiment super. "

Pour Julien c’était aussi la première rencontre avec un autre aspect propre à Israël, le maigre souvenir d’une époque très socialiste qui n’a pas su affronter le tsunami capitaliste :

" J'ai aussi beaucoup aimé ma découverte du Kibbutz, les gens ont l'air d'y être détendu et bien heureux, la nourriture y était très bonne, c'était calme, une très bonne chose après une grosse journée de forge. "

Pour les habitués du championnat du monde de forge de Stia et pour les lecteurs fidèle du magazine Hephaistos et de notre humble blog, Israël est aussi connu pour le nombre et la qualité de ses autres forgerons, la plus part des anciens élèves de Hofi eux aussi : " J’étais très content des visites chez Uri Ayalon et Kheir Aker, ou j'ai eu un super accueil. L’atelier d’Uri est un mélange savant d’équipement de collection, des belles enclumes anciennes a coté de la « Rolls Royce »: une énorme Kohlswa, enclume suédoise, importée directement de  la fabrique. Ses sculptures ont de l’humour et montre une persévérance étonnante. L’atelier de Kheir est au contraire impressionnant par le ratio inversé entre espace et quantité de travail. Il a toute une gamme de marteaux pilons. Une de ses astuces est de travailler simultanément sur deux barres, une dans chaque main, sur son pilon.

Bien sur Zeevik m’a fait sortir un peu dans les environs, ou j'ai pu déguster des gourmandises  locales comme houmous, le falafel, les pâtisseries irrésistibles dans les villages arabes… Faudrait pas que je passe 1 an la bas, car j'arriverai certainement à 140 kg de poids ...Ce séjour était mon cadeau d'anniversaire pour mes 33 ans, et ce fut un magnifique cadeau, dépaysement garanti !!!!

Pour  finir et résumer ce stage de 2 semaines, je dirai : Intense, efficace, agréable,  gourmand et  dépaysant !!!!

Et en "bonus", je suis reparti sans le moindre "bobo" !  Comme dirait Hofi avec sa voix basse retentissante : "EASY !!!"

La forge "facile"  ça a du bon… "

Pour voir les fruit intéressants qui donnera ce rencontre et pour suivre la suite de ses aventures avec le métal , allez voir le site de Julien et sa page facebook . Vous y trouverez des outils qu’il fabrique, beaucoup de taillanderie, dinanderie stages etc., et surtout, une passion énorme.